Cavernas do Peruaçu et Chapada Diamantina

On part tôt afin d’essayer d’éviter la canicule mais à 8h il fait déjà 28 degrés. Après quelques 40 kilomètres nous quittons l’Etat du Tocantins pour arriver dans celui de Bahía. On se trouve sur un haut plateau avec diverses cultures céréalières qui s’étendent sur des centaines de kilomètres. C’est immense, sans aucune zone d’ombre et la route est envahie par une file interminable de poids lourds qui emmènent leur cargaison jusqu’au port de Salvador de Bahía. Bref ce tronçon était un enfer, avec cette chaleur étouffante et tous ces camions qui roulent à tombeau ouvert et qui dépassent quasiment n’importe où ! En chemin nous faisons la rencontre de Paul et Juanita, un couple de brésiliens vivant à Munich et en vacances dans la région.

Bahia est un État brésilien du Nord-Est, connu pour son vaste littoral et son importance historique en tant que berceau de l'Amérique portugaise. L'État possède un riche patrimoine culturel et un potentiel touristique important, notamment le long de la côte et à la Chapada Diamantina. La culture de Bahía est marquée par une forte influence africaine dans son folklore, sa musique et sa cuisine.

Après une étape sans intérêt dans la ville de Barreiras, c’est sur les conseils de notre ami Renato que nous faisons un détour afin d’aller découvrir la région du Peruaçu et ses fameuses cavernes. Nous mettons donc temporairement le cap au Sud pour un détour de quelques 600 kilomètres. Après un premier tronçon de piste poussiéreuse suivie d’interminables lignes droites, nous faisons une étape à Santa Maria da Vitória, une municipalité de l'État de Bahia située sur les rives du Rio Corrente.
Un aller-retour en ferry nous permet ensuite de rejoindre un hôtel situé sur l’autre rive du Rio São Francisco pour une deuxième étape de transition à Matias Cardoso. À noter que lors d’une des traversées en ferry, Beate a retenu l’attention de la majorité des passagers en essayant d’expliquer les détails de notre périple, sans toutefois piper un seul mot de Portugais… Et finalement un tronçon commprenant une quarantaine de kilomètres de piste nous permet d’atteindre notre Pousada située dans l’aglomération de Fabião, aux abords du parc national des cavernes du Peruaçu. Mais comme le parc est fermé le lundi, on s’autorise une journée et demi de farniente et de repos afin de recharger les batteries.

Aujourd’hui nous jouons aux petits spéléologues en partant à la découverte de la Gruta do Janelão qui est la grotte principale du parc national des cavernes du Peruaçu. Accompagnés par notre guide Ednei, nous parcourons un chemin de quelques 6 kilomètres afin d’explorer ce monde semi souterrain ainsi que quelques peintures rupestres datant de plusieurs millénaires. En chemin nous croisons les élèves d’une classe d’un quilombo voisin qui sont dans un premier temps curieux de savoir qui nous sommes, et ensuite littéralement fascinés par notre aventure.
La grotte du Janelao (la grande fenêtre) est la plus grande grotte de la vallée, avec une longueur de 4’740 mètres et une hauteur maximale de 176 mètres. Elle contient de nombreux puits de lumière qui laissent entrer les rayons du soleil et elle abrite la plus grande stalactite jamais répertoriée, mesurant 28 mètres de hauteur. Les origines des grottes remontent à des millions d'années, lorsqu'une partie du Brésil était encore submergée par les eaux d'une mer intérieure. L’assèchement de cette mer a laissé intacts de vastes massifs calcaires, qui abritent aujourd'hui des milliers de grottes disséminées à travers le Brésil. Et cerise sur le gâteau, le Parc National des Grottes de Peruaçu vient tout juste d’être reconnu au patrimoine mondial naturel par l’Unesco.

On quitte les cavernes du Peruaçu et prenons la direction de la Chapada Diamantina que nous prévoyons d’atteindre en plusieurs étapes. Rien de spécial à signaler si ce n’est une portion de 3 kilomètres de piste parsemée de bancs de sable plus ou moins profonds, et qui m’ont bien fait transpirer.
Beate a effectué ce court trajet à bord de la voiture d’un usager qui a bien voulu l’emmener, et moi j’ai réussi tant bien que mal à traverser cette portion piégeuse sans chute.
Lors de l’étape de Guanambi, je profite que Beate soit chez le coiffeur pour offrir un lavage en profondeur à La Salamandre afin d’éliminer tout le sable et la poussière des derniers jours.
Après Brumado la route commence à monter et nous nous retrouvons rapidement sur un haut plateau à près de 1‘200 mètres d’altitude. La température est super agréable et ça change de la canicule des derniers jours. Nous retrouvons également une végétation moins sèche et ça fait du bien de revoir de la verdure, avec des cultures de café et de fraises. Lors d’un arrêt à une station service, nous faisons la connaissance de Pedro, un retraité Soleurois qui vit désormais au Brésil. Il est tout surpris de voir un numéro de plaque Suisse dans cette région et nous prévoyons de lui rendre visite ces prochains jours…

Nous nous arrêtons pour deux nuits à Mucugê, un petit village colonial aux maisons colorées qui se situe au Sud de la Chapada Diamantina. Il fait bon se promener dans les rues pavées de ce charmant village où le temps semble s’être arrêté. On fait une balade dans les environs afin d’aller nous baigner dans les eaux brunes du Rio Tiburtino, au pied de la cascade du même nom. Les rivières de la Chapada Diamantina sont brunes à cause des tanins présents dans la matière organique végétale en décomposition, comme les feuilles et les racines, qui sont dissous dans l'eau, lui donnant ainsi une couleur foncée semblable à du thé. Cette coloration naturelle n'indique pas que l'eau est polluée. Elle est au contraire pure et buvable. Le fer est également un autre facteur qui peut contribuer à la couleur foncée des eaux de la région. Nous faisons également une courte visite au cimetière byzantin d'inspiration néogothique de Mucugê, qui est une curiosité de la région. Il a été créé en 1855 pour permettre l'inhumation des nombreuses victimes d'une épidémie de choléra. Ses tombes blanches à l'apparence de façades d'églises offrent un contraste surprenant avec le vert de la colline au flanc de laquelle il se situe.

Nous quittons Mucugê afin de nous rendre à Lençóis, toujours dans le périmètre de la Chapada Diamantina. En chemin nous faisons un petit détour jusqu’au village de Igatu qui est perdu au milieu de la montagne. Pour y arriver il faut emprunter une ancienne route faite de pierres ajustées tant bien que mal, et certains passages sont épiques, surtout à cause de la pente et du poids de notre monture. On s’en sort heureusement sans mal et après quelques poussées d’adrénaline, on atteint ce village hors du temps pour une brève visite et une pause boissons bienvenue.
En milieu d’après-midi nous arrivons dans la petite ville de Lençóis où nous prévoyons de passer 3 nuits. Fatigués par cette étape intense, nous décidons de manger au restaurant de l’hôtel et de passer le reste de la journée à nous reposer au bord de la magnifique piscine. Durant les deux prochains jours nous nous baladons dans les ruelles pavées de cette jolie ville aux maisons colorées et nous profitons de la piscine de l’hôtel pour nous rafraîchir. Nous rendons également visite à Pedro, le Soleurois rencontré il y a quelques jours, qui vit dans un ancien bus qu’il a lui-même aménagé à une trentaine de kilomètres de Lençóis. Une sacrée rencontre avec un personnage atypique et attachant, qui nous fait partager son mode de vie l’espace d’un après-midi…

Cavernas do Peruaçu et Chapada Diamantina

Précédent
Précédent

Pernambouc

Suivant
Suivant

Brasilia et Goiás