Brasilia et Goiás
Après avoir quitté le Minas Gerais et traversé une petite partie de l’état de Goiás, nous voici arrivés dans la capitale Brasilia, également appelée le District Fédéral. Construite en pleine savane et en moins de quatre ans, Brasilia a été inaugurée comme capitale du Brésil en 1960. C’est une ville qui se distingue par son architecture blanche et moderne, principalement réalisée par l’architecte Oscar Niemeyer. L'urbaniste Lúcio Costa est quant à lui l'auteur du plan pilote qui donne à la ville une forme d'avion (voir photo). Le "fuselage" est constitué par l'Axe Monumental formé de deux larges avenues longeant un vaste parc. Dans le "cockpit" se trouve la place des Trois Pouvoirs, qui tient son nom des 3 branches du gouvernement. Enfin dans les "ailes" se repartissent les quartiers résidentiels et les zones hôtelières. Située dans la région du Centre-Ouest du Brésil sur un plateau à 1’172 mètres d'altitude, la ville est bordée par le lac Paranoá. Cette étendue d'eau artificielle a été créée en même temps que Brasilia dans le but d'assainir l'air et d'apporter un peu d'humidité à une région très sèche en hiver. Chef-d'œuvre d'architecture moderne, Brasília a été la première ville fondée au 20ème siècle à avoir été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nous passons deux jours dans cette ville dont les monuments et lieux les plus remarquables sont:
La tour de la télévision avec sa plateforme à 75 mètres de haut offrant une jolie vue d’ensemble sur la ville et l’Axe Monumental
La Cathédrale Métropolitaine dont les 16 arcs de béton sont censés représenter la couronne d'épines du Christ
Le Palais du Congrès national avec ses deux coupoles inversées
Le Palais d’Itamaraty, appelé également le palais des arches, qui abrite le siège du ministère des relations extérieures
La place des trois pouvoirs entourées du Palais du Congrès, du Tribunal Suprême Fédéral et du Palais du Planalto qui est le lieu de travail du président de la République et du gouvernement fédéral
Le quartier de Pontão Lago Sul qui est un site de détente au bord du lac, avec plein de bars et de restaurants
Le mémorial Juscelino Kubitschek, un musée à la mémoire du 21ème président du Brésil et fondateur de Brasilia
Si la capitale du Brésil a un intérêt certain pour les amateurs d’architecture et d’urbanisme, ça reste une ville très spéciale, sans âme et sans vie, sans vrai centre et sans histoire… Brasilia se caractérise par d’immenses avenues bordées de bâtiments administratifs et par une infrastructure piétonne quasi inexistante. Il faut faire des kilomètres en Uber pour aller d’un endroit à l’autre et aussi pour trouver un endroit pour manger ou boire un verre. On aime ou on aime pas, mais selon moi elle manque cruellement de charme et de chaleur humaine et personnellement ce n’est pas mon kif…
Après avoir roulé sur l’Axe Monumental et être passé devant le Palais du Congrès National, c’est par le pont JK que nous quittons Brasilia. On contourne le Lago do Paranoa et avant de nous engager sur la voie rapide, nous faisons une pause boisson dans une station service. C’est la que je m’aperçois que le soufflet du cardan côté moteur est déboîté. Il a probablement été mal remonté lors du remplacement du cardan à Sao Paulo, et il est sorti de son logement. J’essaie donc de le remettre en place, à genoux à côté de la moto, lorsqu’un autre motard me propose son aide. J’accepte volontiers, et je tombe des nues lorsque Guedes (c’est son nom) se retrouve couché sous la moto à même le sol, et s’escrime à essayer de remettre en place le soufflet récalcitrant. Il y parvient finalement après bien 30 minutes d’efforts, et c’est avec un immense sourire qu’il m’annonce que tout est maintenant bien en place. Lorsque je lui demande s’il est mécanicien, il me répond que non. Il est policier, et en route pour son travail. Pour nous aider il s’est probablement mis en retard, mais c’était pour lui normal et spontané. On se confond en remerciements, on immortalise l’instant par une photo et on se souhaite mutuellement bonne suite. On ne se reverra probablement plus, mais ce fut à nouveau une belle leçon de gentillesse et d’entraide que l’on ne rencontre malheureusement plus chez nous…
Nous passons ensuite deux nuits à Alto Paraiso de Goiás, une petite ville située aux abords du parc national de Chapada dos Veadeiros. C’est une région qui regorge de cascades et de piscines naturelles où l’on peut se baigner dans des eaux cristallines. On était partis pour en découvrir trois ou quatre, mais en arrivant à la première nous faisons la connaissance de Dima et Itzel, un jeune couple russo-mexicain qui sillonnent le Brésil à moto. Nous découvrons la première cascade ensemble et passons finalement le restant de la journée à échanger sur nos expériences respectives autour de quelques caipirinhas et d’un bon repas.
Au diable les chutes d’eau et vive l’amitié !!
On se déplace légèrement vers le Nord, mais nous restons toujours dans le périmètre du Parque Nacional dos Veadeiros. En chemin on fait la connaissance de Luiz, un motard qui veut nous inviter chez lui lorsque l’on sera à Fortaleza…
Nous passons ensuite deux nuits à quelques kilomètres du village de Cavalcante, dans une chouette Pousada située en pleine nature. Comme cet endroit regorge de cascades et de piscines naturelles, nous partons à la découverte de deux d’entre elles sous la conduite de Mercides, un guide quilombolas. Et pour prévenir les commentaires, je précise qu’il n’y a pas de jeu de mots avec le prénom de notre guide.
Le terme quilombolas désigne les descendants d'esclaves africains en fuite qui ont fondé des communautés appelées quilombos. Les cascades que nous visitons sont situées sur le territoire du quilombo de Kalunga qui est le plus grand territoire quilombola du Brésil. La communauté a développé une culture unique et un mode de vie autonome, s'intégrant à la nature locale et préservant des traditions provenant de plus de deux siècles d'isolement. La collectivité promeut un tourisme communautaire, générateur d'emplois et de revenus, et contribue à la préservation du patrimoine local. Les règles sont strictes et les nombreuses cascades aux eaux cristallines ne sont accessibles qu’avec des guides certifiés.
Notre guide Mercides nous fait découvrir sa région et sa culture avec passion, et après quelques dizaines de kilomètres de pistes poussiéreuses et 30 minutes de marche sous la canicule, nous sommes finalement récompensés de nos efforts. La cascade Santa Barbara s’offre à nous pour une baignade extraordinaire dans une eau cristalline et transparente, au milieu d’un décors magnifique dans une nature intacte !! Après s’être bien rafraîchis, on repars pour un nouvel enchaînement marche, transport en 4x4 et re-marche afin d’atteindre la cascade de Candarú où l’on peut à nouveau se baigner.
Toutes ces activités physiques nous ont ouvert l’appétit et nous regagnons la communauté afin de déguster la cuisine locale qui est élaborée à partir d'ingrédients produits sur place et cuisinés au feu de bois. Les plats typiques sont le poulet fermier, la viande mijotée, diverses sortes de légumes, du riz, du manioc et j’en oublie… C’est bien fatigués mais heureux que l’on rejoint finalement notre pousada après cette belle journée en pleine nature qui nous aura permis de côtoyer pour quelques instants la culture quilombola et ses habitants chaleureux et accueillants.

On reprend notre progression vers le nord, sous un soleil de plomb et avec un thermomètre à plus de 35 degrés. Après quelques 150 kilomètres, nous quittons l’Etat de Goias pour une brève incursion dans celui du Tocantins. Comme nous arrivons à notre hôtel en début d’après-midi, nous profitons pour pousser jusqu’au Rio Azuis tout proche afin d’aller nous rafraîchir dans ses eaux limpides. Avec seulement 147 mètres de longueur entre sa source et sa confluence avec le Rio Sobrado, le Rio Azuis est considéré comme la plus courte rivière d’Amérique Latine, et la troisième plus courte rivière du monde.
Ceci est notre dernière avant la découverte de la prochaine région, l’Etat de Bahía…

Brasilia et Goías