Parana, Sao Paulo et Rio de Janeiro
De Joinville nous empruntons à nouveau l’autoroute afin de rejoindre la ville de Curitiba dans l’Etat de Paraña. La circulation est à nouveau très dense et ce n’est pas agréable mais nous devons malheureusement prendre l’autoroute sur certains tronçons car il n’y a pas d’autres choix. On s’arrête juste après Curitiba pour casser la croûte avant d’attaquer la fameuse Route du Serpent (Rastro da Serpente). C’est le surnom donné aux routes SP-250 et BR-476, qui relient l'État du Paraña à celui de São Paulo sur environ 260 kilomètres et plus de 1’200 virages. Un bref calcul donne le chiffre d’environ un virage tout les 200 mètres, ce qui a de quoi donner le tournis. Nous parcourons aujourd’hui les premiers 140 kilomètres de cette route magnifique car il faut garder un peu de plaisir pour demain, et passons la nuit dans la petite ville de Apiai, à quelques 900 mètres d’altitude.
La dernière portion de la Route du Serpent a bien failli tourner au drame !!
Après une pause café au local du moto-club de Guapiara, nous repartons pour effectuer les derniers 35 kilomètres, mais je ne remarque pas une traînée d’huile sur la trajectoire dans un virage à gauche et c’est soudainement la chute par dérobade de l’avant. Par chance il n’y a pas d’obstacles et nous glissons sur quelques dizaines de mètres avant de nous relever. On s’en tire heureusement sans mal et avec seulement quelques hématomes et des dégâts sur nos vêtements de protection qui ont été bien utiles. La moto a fait une belle embardée et a subi quelques dégâts, mais elle roule. Elle va probablement rester plus longtemps que prévu à l’atelier, afin de subir un contrôle approfondi et remplacer les pièces abîmées.
Nous sommes finalement arrivés sans plus de mal à l’étape du jour, et nous réalisons que nous avons eu beaucoup de chance de nous en sortir sans blessures graves et qu’avec des dégâts matériel. Mais on dira que jusqu’à présent le Brésil ne nous rend pas vraiment la vie facile !!
Sur les conseils avisés de notre ami Renato, nous avons réservé une escorte policière pour le trajet en direction de São Paulo. Il est en effet très fréquent que des individus armés attaquent les motards sur l’autoroute autour de São Paulo, dans le but de voler les motos. Leurs cibles préférées sont les gros trails allemands, donc on préfère ne pas tenter le diable, surtout avec la poisse qui semble nous poursuivre ces derniers jours…
Les bad-boys nous on bien escortés jusqu’à São Paulo où nous avons été accueillis comme des rois par Simone et son mari Kiko. Simone est la cousine de nos amis les Roch et elle nous met généreusement son appartement à disposition alors qu’ils s’absentent pour la semaine.
On retrouve également notre ami Renato qui nous aide pour les démarches concernant la réparation de la Salamandre, le rachat de certains articles et la réparation de nos tenues de moto. Nous faisons aussi la connaissance de sa femme Chris et de ses amis William et Neto.
Tous des gens merveilleux avec le cœur sur la main et d’une extrême gentillesse !!
Pour ce qui concerne la moto, les dégats sont moins importants que ce que je craignais et l’agence BMW McLarty de São Paulo a fait des merveilles en remplacant les pièces cassées en un temps record. La Salamandre ressort finalement du garage avec un amortisseur arrière et un cardan neufs. Ce dernier est une pièce d’usure changée sous garantie par BMW pour les véhicules ayant plus de 60’000 kilomètres. Vraiment un concessionaire à recommander !
Sur invitation de nos amis Simone et Kiko, nous partons en voiture pour passer quelques jours dans la ferme familiale, à quelques 300 kilomètres au Nord de São Paulo. On y fait également la connaissance de Tatiana, la sœur de Simone, et de son amie Talita. Le domaine est une ancienne plantation et usine de transformation de canne à sucre, qui a eu jusqu’à 8’000 employés durant les années de pleine exploitation. Aujourd’hui c’est un endroit exceptionnel où chacun des membres de la famille possèdent une maison en pleine nature. On y trouve toutes sortes d’arbres et de fruitiers, ainsi que des plantes exotiques les plus diverses.
Je fais également de la moto enduro à travers le domaine avec Kiko, en short et T-shirt. Pas très prudent mais tellement fun !! Nous visitons aussi l‘usine hydroélectrique qui appartient à la famille et qui alimente encore aujourd’hui le domaine, ainsi que l’ancienne usine désaffectée. On est à nouveau accueillis comme des rois, par des gens merveilleux et dans un endroit paradisiaque. Et pour couronner le tout, ils nous ont même préparé une fondue au fromage !!
Bref, un immense merci à tous pour cet accueil exceptionnel, et une pensée pour Philippe et Cathy à Rolle, qui nous ont permis de rencontrer leurs cousines…
Après ces quelques jours magnifiques passés à la ferme de Simone et Kiko, et comme nous devons attendre que nos habits de moto soient réparés, nous décidons de prendre l’avion afin d’aller passer quatre jours à Rio de Janeiro. L’avion c’est aussi la meilleure solution afin d’éviter un potentiel vol de la moto dans cette ville où les risques sont soi-disant encore plus élevés qu‘à São Paulo.
Avec ses 6,5 millions d'habitants intra-muros et 12,6 millions si l’on compte la périphérie, Rio de Janeiro est la deuxième ville la plus peuplée du Brésil après São Paulo. Ses habitants sont surnommés les Cariocas et la ville elle même est souvent appelée Cidade Maravilhosa (la ville merveilleuse). Nichée dans la baie de Guanabara, Rio est connue pour ses plages de Copacabana et d'Ipanema, sa statue du Christ Rédempteur et le Pain de Sucre. La ville est également célèbre pour ses favelas tentaculaires et pour son fameux carnaval qui est considéré comme l'un des plus grands du monde.
Ce n’est pas dans nos habitudes, mais pour cette première journée nous décidons de nous joindre à un tour organisé afin de visiter les principales attractions de la ville. Après avoir longé les plages d‘Ipanema et de Copacabana, nous prenons de l’altitude grâce aux deux téléphériques qui nous amènent au sommet du Pain de Sucre. Ce pic rocheux surplombe la ville du haut de ses 395 mètres et à nos pieds s’étend un paysage à couper le souffle. On comprend mieux pourquoi Rio est considérée comme la plus belle ville du monde.
Nous prenons ensuite la direction du pic du Corcovado sur lequel se dresse la célèbre statue du Christ Rédempteur, à quelques 710 mètres d’altitude. L’imposante statue mesure 38 mètres de haut et on peut l’apercevoir de tous les quartiers de Rio.
Après ce bain de foule et le repas de midi, nous nous dirigeons vers le centre-ville en passant devant le célèbre stade du Maracana. Nos deux dernières visites seront la cathédrale métropolitaine de São Sebastião, tout en verre et en béton armé, de forme conique et ultramoderne, ainsi que les escaliers Selarón dans le quartier de Santa Teresa, avec ses carreaux colorés peints à la main. Et après une petite sieste réparatrice, on termine cette belle journée au Samba Social Club, un bar à Samba situé le long de la plage de Copacabana.
Nous commençons notre deuxième journée à Rio par la visite du centre historique qui se trouve aux alentours de la place Alagoas. On y trouve quelques bâtiments intéressants comme le Théâtre Municipal et la Bibliothèque Nationale, ainsi qu’un dédale de ruelles commerçantes où l’on trouve de tout et n’importe quoi. On fait une pause à la Casa Cavé qui est l’un des plus anciens café de Rio, avant de prendre la direction du quartier de Santa Teresa. Situé au sommet d'une colline, Santa Teresa est un charmant quartier aux allures de village. Ses rues sinueuses et escarpées sont bordées d'élégants manoirs anciens, dont plusieurs abritent des hôtels de charme chics, des bars à cocktails originaux ou des restaurants romantiques avec vue sur la baie. Le quartier a la particularité d’être desservi par un vieux tramway qui ressemble un peu à celui de Lisbonne. On voulait le prendre mais les deux heures d’attente nous ont refroidi et on s’est rabattu sur Uber qui fonctionne très bien au Brésil.
Après avoir passé la matinée de la troisième journée à flâner le long des plages de Copacabana et de Ipanema, nous partons à la découverte de Rocinha qui est la plus grande favela de Rio, et peut être même du Brésil. Nous sommes un petit groupe de huit personnes et notre guide Francesco, lui-même habitant d’une favela voisine, nous fait découvrir cet endroit fascinant. Rocinha s’est construite sur une colline abrupte surplombant la ville de Rio et compte une population estimée à environ 100‘000 personnes entassées sur une surface de 1 kilomètre carré. La favela s’est développée durant les dernières décennies et aujourd’hui la majorité des maisons sont en béton et possèdent un système sanitaire et électrique de base. Cette relative sécurité permet d’y accéder sous la conduite d’un guide accrédité qui sait reconnaître les endroits où sévissent les gangs de la drogue qu’il faut absolument éviter. Comme toutes les favelas, Rocinha est sous le contrôle de groupes mafieux et autres clans impliqués dans le trafic de drogue, comme le Comando Vermelho, les Amigos Dos Amigos ou encore un groupe d‘ex policiers corrompus appelé l’Unité de Police Pacificatrice.
C’est une véritable mafia qui impose les règles de fonctionnement de la communauté et qui ponctionne un impôt sur chaque revenu généré par la favela, y compris les organisateurs de visites touristiques. On se balade durant environ 2 heures dans un dédale de ruelles qui ne sont accessibles qu’à pied, en empruntant des escaliers improbables avec un enchevêtrement indescriptible de câbles au-dessus de nos têtes. Les gens ont l’air accueillants mais ils sont toujours en quête d’un petit sou, et dans certains endroits notre guide nous interdit de prendre des photos car des membres de la mafia pourraient être présents… Ce fut une expérience plutôt fascinante et émouvante que de côtoyer pour quelques heures le quotidien de cette population défavorisée dont le salaire mensuel moyen est d’environ 100 CHF. Et ce fut aussi une sacrée leçon d’humilité quand on pense que plus de 16 millions de Brésiliens vivent dans des favelas…
On profite des derniers instants à Rio afin de visiter encore le jardin botanique, avant de nous rendre à l’aéroport pour retourner à São Paulo et retrouver la Salamandre pour la suite de nos aventures…
Parana, Sao Paulo et Rio de Janeiro