Rio Grande do Sul et Santa Catarina
Après avoir traversé le pont sur le Rio Uruguay, nous voici donc arrivés au Brésil, dans la province de Rio Grande do Sul. Nous passons par le poste frontière de Paso de los Libres-Uruguaiana et les formalités s’effectuent sans problème. Il faut noter la gentillesse des douaniers, tant du côté argentin que du côté brésilien ! On peut également remarquer l’extrême lenteur de l’argent des douanes brésiliennes à qui il a fallu bonnement 30 minutes pour remplir les 5 lignes du formulaire d’importation temporaire de la moto.
Nous prenons plein Est sur une route principale où la vitesse est limitée à 100 km/h, mais il faut être très vigilant car il y a plein de trous et autres nids de poule qui rendent la conduite précaire. C’est dimanche et on est en pleine campagne. On trouve un restaurant ouvert où ils servent un buffet de diverses sortes de viandes accompagnées de salades. Nous prenons la version à gogo, et on s’en sort pour la modique somme de CHF 7,50 par personne, boissons comprises. Après environ 300 kilomètres, les premières impressions sont positives et nous faisons une étape de transition sur la route qui nous mène en direction de la côte Atlantique.
Sur les conseils de notre ami Renato (un motard brésilien rencontré sur la Carretera Austral), nous décidons d’éviter Porto Alegre et de partir à la découverte de l’arrière pays montagneux qui longe le littoral. On bifurque donc vers le Nord pour atteindre la ville de Santa Cruz do Sul et sa magnifique cathédrale de style gothique.
Cette région du Brésil a une forte influence allemande et l’on trouve des publicités pour l’Oktoberfest, ainsi que des noms de lieux à consonance allemande comme par exemple Westfalia. On arrive dans le contrefort des montagnes et nous faisons étape à Bento Gonçalves, qui est la capitale brésilienne du vin. Pour l’instant on a pas vu de vignes, ce que l’on espère corriger demain en allant parcourir la Vale dos Vinhedos…
On passe une magnifique journée dans la Vale dos Vinhedos, avec un excellent repas au BraZedo et une belle dégustation de vins de la région au domaine Terragnolo où nous passons la nuit. Si je devais résumer l’expérience en une phrase, je dirais que c‘est un peu l’exubérance du Bordelais à la sauce brésilienne. Toutes les enseignes prestigieuses du Brésil se succèdent, dans des demeures démesurées à la Disney World, où l‘on peut faire des dégustations, acheter des cosmétiques à base de Chardonnay ou autre Merlot, manger dans le soi-disant restaurant gastronomique du domaine, et dormir dans une des suites nommée selon les différents cépages de la région. Life is life et c’est aussi valable au Brésil !
Nous continuons notre progression dans un environnement de collines verdoyantes, avec une route qui propose enfin quelques virages. Il y a par contre toujours une circulation assez dense avec beaucoup de camions, ce qui n’est pas pour rendre la conduite agréable… Après avoir mangé dans la ville de Gramado, nous faisons étape dans la ville voisine de Canela. Ces deux villes sont situées dans la Serra Gaúcha, à près de 900 mètres d’altitude. Ce sont d'importantes destinations touristiques avec une forte influence européenne due à de nombreux colons d‘Allemagne, de Suisse et d‘Italie.
Une route agréable et sans trop de circulation nous mène ensuite jusqu’au village de Cambará do Sul qui est la porte d’entrée d’une région avec de nombreux canyons. Après un excellent repas sous forme de buffet à volonté (habitude très répandue dans ce pays), nous empruntons notre première piste du Brésil afin d’aller admirer le canyon d'Itaimbezinho qui se trouve dans le Parc national de Aparados da Serra. Le canyon a une longueur d'environ 5’800 mètres, une largeur maximale de 2’000 mètres et une hauteur maximale d'environ 720 mètres.
La route du jour suivant est principalement de la piste plutôt roulante qui serpente entre 1’000 et 1’400 mètres d’altitude. Nous traversons en alternance des cultures fourragères, des pâturages d’altitude et de magnifiques forêts de pins du Paraña (famille des araucarias).
On tombe sur un couple d’allemands qui sillonnent le monde avec leur Unimog, et on fait rapidement le buzz auprès de jeunes brésiliens qui sont intrigués et curieux d’en apprendre davantage sur nos parcours respectifs…
Nous faisons finalement étape dans la petite ville de Bom Jardim da Serra qui se situe dans l’état de Santa Catarina, au sommet de la serra do Rio do Rastro. Durant notre balade de fin d’après-midi on découvre que le pin du Paraná produit des graines comestibles appelées pinhão. On trouve ces dernières dans de très grosses pommes de pin appelées pinha. Les graines qui font bien 3 à 5 centimètres, peuvent être consommées crues mais elles sont le plus souvent cuites dans l’eau. On a eu l’occasion de goûter et ça ressemble un peu aux marrons que l’on trouve chez nous en hiver.
La serra do Rio do Rastro est un massif montagneux du sud de l'État de Santa Catarina. Elle culmine à 1’498 mètres d’altitude où se trouve un mirador qui offre une belle vue sur la vallée et la route plongeant vers la côte atlantique. La route de la serra do Rio do Rastro offre des lacets spectaculaires, au milieu de forêts et cascades, et pendant le week-end elle est prise d’assaut par de nombreux motards de la région. La température grimpe à mesure que nous perdons de l’altitude, et le thermomètre affiche une pointe à 28 degrés ! Heureusement que c’est l’hiver au Brésil… Durant une vingtaine de kilomètres nous empruntons une piste agréable qui serpente au travers de collines ombragées, avant de déboucher vers la zone côtière et ses stations balnéaires. L’arrivée en bord de mer se mérite et on fête ça en dégustant notre première Caipirinha depuis que l’on est au Brésil.
Nous passons deux nuits à Garopaba, un village de pêcheurs dont le nom signifie «lieu des bateaux» en guarani. C’est le début de la période où l’on peut observer les baleines franches australes qui remontent le long de la côte à la recherche d'eaux moins profondes et plus chaudes pour donner naissance et allaiter leurs petits. Ces immenses mammifères peuvent mesurer jusqu'à 18 mètres de long et peser jusqu’à 80 tonnes. Nous avons eu la chance d’apercevoir quelques spécimens à une centaine de mètres au large de la Praia do Siriú. Trop loin pour les prendre en photo, mais suffisamment proche pour pouvoir bien les observer aux jumelles.
On continue de longer la côte afin de rejoindre l’île de Santa Catarina et ses nombreuses plages. En chemin nous faisons une halte à Florianópolis, qui est la ville porte d’entrée de l’île et également la capitale de l’état de Santa Catarina. Nous parquons la moto dans une zone réservée aux deux-roues et partons à la recherche d’un restaurant pour notre repas de midi, que nous prenons à l’intérieur du marché couvert. Et ce qui ne nous était encore pas arrivé en plus de deux ans de voyage à fini par se passer. Lorsque nous revenons à la moto nous constatons avec effroi que les deux sacs accrochés sur les valises latérales ainsi que le sac réservoir ont été ouverts et vidés de leur contenu.
Nous sommes sans voix, déçus et furieux !! Furieux contre les voleurs bien sûr, mais également contre nous mêmes pour n’avoir pas pris assez de précautions… Au final on se retrouve sans chaussures à part les bottes de moto et sans chargeurs pour nos divers appareils électroniques. Ils ont également dérobés les lunettes que Beate portait dans le casque, deux paires de gants et plein d’autres petites choses… Après avoir passé une heure au poste pour la déposition, on passe vite dans un centre commercial pour acheter les chargeurs nécessaires et des flip-flop. Pour le reste on attendra d’être à São Paulo…
Nous passons ensuite deux nuits dans le petit village de Barra da Lagoa, sur la côte Est de l’île. On se balade sur la plage mais le cœur n’y est pas et il nous faudra quelques jours pour digérer cette mésaventure…
On décide de passer notre dernière journée sur l’île de Floripa dans la partie nord de l’île, qui est beaucoup plus touristique que l’est ou le sud. Pour tout dire, l’hôtel utilise même un système de reconnaissance faciale pour gérer l’accès à la plage, ce qui doit bien plaire aux touristes américains, mais ce n’est pas vraiment l’ambiance que nous recherchons.
Le coup d’œil sur la plage de sable blanc est quand même magnifique, surtout agrémenté d’une ou d’eux caipirinhas. On enchaîne par une excellente Moqueca accompagnée d’un très bon Torrontes de la région de Mendoza. La Moqueca est un plat typique brésilien des États de Bahia, Pará et Espírito Santo. C’est un ragoût de poisson et de crevettes avec des tomates, des oignons, des poivrons, de l'ail, du citron et de la coriandre, cuits à feu doux dans un plat en terre cuite et accompagné de riz au lait de coco et de chips de patates douces. Un vrai régal !
Après avoir profité encore du jardin de l’hôtel avec un petit massage et un masque facial pour madame, on reprend la route en direction du Nord afin d’être à São Paulo lundi. J’ai en effet rendez-vous à l’agence BMW afin de remplacer l’amortisseur arrière de la Salamandre, en espérant que ça résolve enfin le problème que l’on traîne depuis bientôt 3 mois. Un parcours très monotone fait de 200 kilomètres d’autoroute, que l’on met 4 heures à parcourir à cause d’une circulation infernale, nous amène jusqu’à Joinville pour ce qui sera notre dernière étape dans l’Etat de Santa Catarina. Et comme il y a un centre commercial attenant à l’hôtel, on en profite pour continuer à remplacer certaines des affaires qu’on nous a volé…
Rio Grande do Sul et Santa Catarina