Du Chaco aux Andes

On quitte Asunción et le Paraguay, et après un passage de frontières sans problèmes, nous sommes à nouveau et pour une ultime fois en Argentine. La pluie d’hier a sacrément rafraîchi l’atmosphère et on a perdu environ 15 degrés. Nous savons que ça ne va pas durer, mais ça fait du bien de rouler par des températures normales qui oscillent entre 23 et 25 degrés. Par contre la route est super monotone et rectiligne. On ne peut pas tout avoir…
Pour rejoindre les Andes nous devons traverser les immenses plaines du Chaco et ses interminables lignes droites. Le Chaco argentin est une vaste région géographique située dans le nord de l’Argentine, et faisant partie du Gran Chaco, un ensemble naturel partagé avec le Paraguay et la Bolivie. C’est une plaine chaude et semi-aride qui se caractérise par ses forêts sèches, sa savane, et une grande biodiversité. La région est habitée par des peuples autochtones (Qom, Wichí, Mocoví) et vit aujourd’hui surtout de l’agriculture, de l’élevage et de l’exploitation forestière.
Comme il n’y a pas grand-chose à voir et que c’est super monotone à parcourir en moto, nous faisons de longues étapes afin de laisser cette zone au plus vite derrière nous. Après des arrêts à Formosa et à Reconquista, nous atteignons la ville de Santa Fe où nous restons deux nuits. On en profite pour effectuer la traditionnelle corvée de lessive mais autrement on ne fait rien. Ça faisait longtemps et ça fait du bien !

Après un total de 1’200 kilomètres monotones à travers les vastes plaines du Chaco, c’est sous une chaleur accablante que nous atteignons enfin Córdoba, laissant le Chaco derrière nous et apercevant les contreforts des montagnes qui ne sont plus très loin. Córdoba à été fondée en 1573 et c’est la deuxième plus grande ville d’Argentine après Buenos Aires. Elle est réputée pour son riche patrimoine colonial, notamment la Manzana Jesuítica et quelques églises, ainsi que pour son université historique qui est l’une des plus anciennes d’Amérique du Sud. Ville très jeune et animée, Córdoba offre une vie culturelle active ainsi que des quartiers vivants comme Nueva Córdoba et Güemes.
Je ne pouvais décidément pas quitter l’Argentine sans boire un ou deux Fernet con Coca qui est la boisson nationale. En effet les argentins consomment plus de 70% du Fernet mondial, ce qui est énorme. A Córdoba cette boisson emblématique est une véritable institution, au point que la ville est souvent appelée la capitale du Fernet con Coca.
On consacre deux jours à la visite de cette ville qui n’est pas sans intérêts, mais je dois avouer qu’on a hâte de retrouver enfin des routes de montagne et quelques reliefs.

Enfin quelques reliefs avec une route de montagne et des virages. En quittant Córdoba, on laisse rapidement derrière nous la plaine pour entrer dans le massif des Sierras Grandes. La route devient plus sinueuse, monte doucement, puis traverse les reliefs avant de redescendre vers la vallée de Traslasierra. Notre trajet du jour culmine à plus de 2’200 mètres avec à cette altitude, une température de 14 degrés. Ça contraste drôlement avec les 35 degrés de moyenne des dernières semaines, mais ça fait aussi un bien fou.
On fait halte à Mina Clavero, un village au pied des montagnes qui est traversé par deux rivières formant des plages naturelles de galets et de sable clair où il est possible de se baigner. Nous nous contentons de nous prélasser au bord de la piscine, d’apprécier le calme et de respirer à pleins poumons l’air frais et pur des montagnes.
Entre les montagnes des Sierras Grandes et la Cordillère des Andes, il y a de nouveau les grandes plaines de la Pampa à traverser sur environ 450 kilomètres. Nous coupons la poire au tiers et faisons une étape intermédiaire dans le petit village de Luján qui se situe au nord de la province de San Luis, et au pied de la Sierra de Michilingües.

Encore quelques 300 kilomètres dans l’environnement désertique et chaud de la pampa et nous arrivons enfin au pied de la Cordillère des Andes. En chemin nous pouvons apercevoir plusieurs sommets enneigés à l’horizon, dont le fameux Aconcagua qui culmine à 6’962 mètres d’altitude, ce qui en fait le plus haut sommet des Andes. Nous faisons halte pour deux jours dans la ville de San Juan qui est la capitale de la province du même nom. Entièrement reconstruite après le séisme de 1944, c’est une ville moderne, aérée et bien organisée. En plus de sa situation au pied des montagnes, San Juan est connue pour ses paysages désertiques et ses vignobles. C’est en effet la deuxième région viticole d’Argentine après Mendoza.

En quittant San Juan, nous avons le plaisir d’emprunter une dernière fois un tronçon de la fameuse Ruta 40 en direction du Nord. Après une quarantaine de kilomètres nous bifurquons sur la Ruta 149 afin de rejoindre la localité de Las Flores, ou plus précisément le hameau voisin de Pismenta.
On est vraiment au pied de la Cordillère des Andes et les paysages de style lunaire sont magnifiques. Après un col à 2’600 mètres, nous redescendons un peu jusqu’à 1’800 mètres d’altitude pour ce qui sera notre ultime étape en Argentine avant de rejoindre le Chili. C’est une halte stratégique qui nous permet de faire un palier d’acclimatation à l’altitude et de nous recharger en globules rouges avec un bon steak, un petit vin rouge de derrière les fagots et un passage au spa de l’hôtel.
Demain le programme s’annonce chargé avec le passage du Paso Agua Negra à 4‘779 mètres d’altitude, le tout agrémenté de quelques 80 kilomètres de piste…

Du Chaco aux Andes

Suivant
Suivant

La province de Misiones