Après encore 80 kilomètres en direction du Sud, nous quittons la province de Misiones et l’Argentine afin d’aller faire une brève visite à un nouveau pays, le Paraguay. Le passage de frontières s’effectue sans problème, avec un processus de migration conjoint aux deux pays, ce qui est une première.
Par contre les douanes pour le permis d’importation de la moto sont toujours indépendantes, et le côté paraguayen en est toujours aux formulaires remplis à la main avec copies carbone de différentes couleurs. Pas très moderne mais les fonctionnaires sont souriants et sympathiques.
Nous passons deux nuits dans la ville de Encarnacion qui se trouve juste après la frontière, histoire de prendre nos marques, retirer un peu de monnaie locale, faire une lessive et passer chez le coiffeur.
On fait également un tour au Casino attenant à l’hôtel, mais ce n’est pas ça qui financera la suite du voyage…

Le Paraguay est entouré par l’Argentine, le Brésil et la Bolivie, et il est l’un des deux seuls pays d’Amérique Latine à ne pas avoir d’accès à la mer, l’autre étant la Bolivie. Sa superficie est d’environ 10 fois celle de la Suisse et on distingue deux zones principales:

La partie du nord-ouest appelée le Grand Chaco, avec des forêts tropicales luxuriantes et des zones marécageuses
La région du sud-est qui abrite la capitale Asuncion et où se regroupe la majorité de la population

Le Paraguay est imprégné de la culture des peuples indigènes Guarani, premiers habitants de la région et présents également au sud du Brésil, à l'est de la Bolivie et au nord de l'Argentine. Le Guarani est le nom de la monnaie et également la langue officielle du Paraguay, à côté de l’espagnol.

On avait longé le Rio Paraña vers le sud du côté argentin et aujourd’hui on refait quasiment le même chemin en sens inverse, en longeant la rive paraguayenne en direction du nord afin d’atteindre la ville de Ciudad del Este. La raison de ce détour qui semble illogique est en fait assez simple et est due à l’interdiction pour nous de revenir au Brésil avant 90 jours, d’une fois que nous sommes sortis du pays. Et comme il n’y a pas de passage frontière entre l’Argentine et le Paraguay au niveau de Puerto Iguazú, nous avons dû descendre jusqu’à Encarnación pour remonter ensuite jusqu’à Ciudad del Este.

Les ruines de la Misión Jesuítica Guaraní de la Santísima Trinidad se trouve sur notre route, mais nous ne sommes pas motivés et nous passons notre chemin…

Ciudad del Este est principalement connue comme un important centre commercial et une zone franche dynamique à la frontière avec le Brésil et l'Argentine, ce qui en fait une destination de shopping prisée. C’est un vrai bazar à ciel ouvert où l’on trouve de tout et de n’importe quoi, mais surtout énormément de gadgets et de contrefaçons. Souvent surnommée le «Miami» ou le «Hong Kong» de la région en raison de son intense activité commerciale, Ciudad del Este attire de nombreux visiteurs brésiliens et argentins à la recherche de produits à prix compétitifs. Nous pensions pouvoir remplacer nos iPhones à moindre coût et trouver quelques accessoires pour la caméra, mais nous devons déchanter car le choix est restreint et les téléphones sont plus chers qu’en Suisse.

C’est grâce à notre ami Thomas que nous contactons son amie Guiomar qui habite à Asuncion. Avant que nous ne nous rencontrions et après seulement une première prise de contacts via WhatsApp, Guiomar nous donne de précieux conseils et nous organise une visite guidée quasiment privée du barrage d‘Itaipu. Le barrage d'Itaipu est un véritable colosse qui a été construit entre 1975 et 1982, conjointement par le Brésil et le Paraguay. Il est situé sur le Rio Parana et est également exploité conjointement par les deux pays. La centrale hydroélectrique d'Itaipu est aujourd'hui la troisième au monde en puissance installée et reste la première au monde en quantité cumulée d'énergie produite. Son nom signifie «la pierre qui chante» en guarani, en référence à la petite île qui était située sur le fleuve avant les travaux. Une visite très intéressante et surtout impressionnante, comme le reflète les chiffres ci-dessous:

La longueur totale du barrage est de 8 kilomètres pour une hauteur maximale de 168 mètres
Sa construction à nécessité l’utilisation de 12,3 millions de mètres cubes de béton
Le fer et l'acier utilisés dans les travaux permettraient la construction de 380 tours Eiffel
Au cours des travaux, environ 100’000 ouvriers ont été embauchés
Depuis le début de sa production, en 1984, plus de 2,6 milliards de MWh d'énergie ont été produits par les 20 unités de production
Le barrage fourni 15% de l'électricité consommée au Brésil et 90% de celle consommée au Paraguay
Chacune des 20 turbines a un débit de 700 m3 d'eau par seconde
Il faudrait brûler 536’000 barils de pétrole par jour pour générer l'électricité d'Itaipu dans des centrales thermoélectriques
Le lac de retenue a une superficie de 1’350 km2, soit presque 2,5 fois le lac Léman

Après cette leçon d’ingénierie électrique, nous faisons une visite au petit zoo qui fait partie du complexe d‘Itaipu, dans un effort de conservation et de protection de la faune du bassin du Parana. On peut y voir des oiseaux, un anaconda, un puma et deux jaguars, pour ne citer que les principaux animaux. Une superbe journée que l’on conclut par un bon repas suivi d’une dernière balade dans les rues effervescentes de Ciudad del Este.

La conduite ici est totalement anarchique et nous rappelle un peu ce que nous avions vécu au Pérou et en Bolivie. On se fait donc quelques frayeurs en sortant de Ciudad del Este mais tout se passe finalement sans mal. Les routes principales sont en relativement bon état mais il faut rester en permanence à un niveau de concentration maximale, car si ce ne sont pas les véhicules qui nous coupent la route, se sont les vaches qui traversent quand bon leur semble…
Après quelques heures de conduite sous la canicule, nous faisons étape dans la petite ville de Villarrica qui est l’une des plus anciennes villes du Paraguay.

Nous voici ensuite arrivés à Asunción, la capitale du Paraguay, où nous allons rester quelques jours. Ce n’était qu’une courte étape de 175 kilomètres mais la monotonie de la route et une chaleur extrême l’ont rendue difficile, surtout l’entrée en ville dans une circulation dense et par 38 degrés. On a d’autant plus apprécié le plongeon dans la piscine de l’hôtel et la bière bien fraîche qui va avec !

C‘est encore grâce aux contacts de notre ami Thomas que nous avons droit à une visite guidée très intéressante du musée de la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL), dont le siège se trouve ici à Asunción. Placée sous l’égide de la FIFA, la CONMEBOL est l’équivalent sud-américain de l‘UEFA. À ce jour, les sélections affiliées à la CONMEBOL ont remporté dix des vingt-deux éditions de la Coupe du monde de football (dont cinq pour le seul Brésil), et ses clubs ont remporté quatre des quinze éditions de la Coupe du monde des clubs. Ce palmarès en fait la deuxième confédération du monde juste après l‘UEFA.
Et j’allais oublier de vous préciser que le réservoir de la Salamandre est désormais garni d’un nouveau drapeau !

Nous sommes invités par Guiomar à passer la journée dans le magnifique domaine de 90 hectares qu‘elle possède à Altos, à quelques 45 kilomètres à l‘Est de Asunción. La propriété se nomme le Haras La Valtellina en hommage aux origines italiennes de son grand-père. Du temps de ses parents c’était une exploitation élevant des vaches laitières, et aujourd’hui Guiomar l’a transformé en ranch touristique où elle offre des balades à cheval dans les magnifiques paysages du domaine. On passe une belle journée ensemble, avec promenade à cheval, baignade dans la piscine, de délicieux repas et surtout des bons moments à échanger sur nos parcours et expériences respectives.

C’est par un lundi pluvieux que nous allons visiter le centre historique de Asunción. La capitale du Paraguay a été fondée sous le nom de Notre-Dame de l'Assomption le 15 août 1537, ce qui en fait l'une des plus anciennes villes d'Amérique du Sud. Située sur la rive du fleuve Paraguay, elle est réputée pour son majestueux palais de los López, qui abrite le siège du gouvernement et les bureaux du président. À noter également la cathédrale et le Panthéon national des Héros qui comprend un mausolée ainsi que des plaques commémorant des personnages historiques du Paraguay.
Le contraste entre le centre historique plutôt délabré et les nouveaux quartiers périphériques modernes est assez saisissant et déconcertant. Ça fait mal au cœur de réaliser que quasiment rien n’est entrepris pour entretenir et restaurer le patrimoine historique, alors que des millions sont investis pour créer des quartiers de bureaux et autres centres commerciaux ultra modernes.
Nous passons finalement une dernière belle soirée en compagnie de Guiomar, afin de se dire au-revoir autour d’un bon repas arrosé d’un excellent vin blanc. Demain on repasse en Argentine…

Le Paraguay